Maurice Orcher (1919-1944)
Maurice Orcher, né Maurice Orcheroff, voit le jour à Anderlecht (Belgique) le 3 septembre 1919. Issu d’une famille juive immigrée de Vitebsk, dans l’Empire russe, il est le plus jeune de cinq enfants. Ses parents, Hessel Ari Orcheroff (1879-1934), commerçant, et Anna Berkovna (1886-1941), femme au foyer, s’installent en Belgique en 1913 pour fuir les pogroms. La famille s’établit à Schaerbeek, à Bruxelles. Maurice est le seul enfant né en Belgique. Après des études primaires, il travaille dans une fabrique de meubles avant sa mobilisation en 1939. Démobilisé en 1940, il devient représentant de commerce et rejoint rapidement la résistance contre l’occupation nazie. Son nom de code dans la résistance était « Marcel ».
Un Résistant Actif dans les Réseaux Antifascistes Dès 1941,
Maurice Orcher rejoint le Rassemblement National de la Jeunesse (RNJ), une organisation clandestine affiliée au Front de l’Indépendance (FI). Créée pour mobiliser la jeunesse belge contre l’occupant nazi, le RNJ avait pour missions principales la diffusion de propagande antifasciste, l’organisation de sabotages, et l’aide aux réfractaires au travail obligatoire. Sous la direction de Jean Blume, Maurice contribue à l’édition et à la diffusion du journal clandestin Jeunesse Nouvelle. Il joue également le rôle de courrier, relayant des directives entre Bruxelles et Liège, tout en transportant des tracts secrets, des explosifs et des armes. Il est également membre actif de l’Armée Belge des Partisans, bras armé du Front de l’Indépendance, et de l’Armée Secrète (AS), réseau paramilitaire œuvrant pour la libération de la Belgique. En 1943, Maurice accède à un poste de responsabilité nationale au sein du RNJ, où il travaille avec des figures comme Roger De Buyst et Fernand Lecocq pour la coordination éditoriale de Jeunesse Nouvelle.
Arrestation et Résistance en Captivité
Le 28 juillet 1943, Maurice Orcher est arrêté à Bruxelles à la suite d’une dénonciation. Il est détenu à la prison de Saint-Gilles, où il subit des interrogatoires violents avant d’être transféré en Allemagne sous le régime Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), destiné à faire disparaître les opposants politiques sans laisser de traces. Durant sa captivité, Maurice partage son sort avec d'autres résistants belges, parmi lesquels : • Jean Lagneau, professeur. • Fernand Lecocq, étudiant. • Roger De Buyst, employé. • Aimé Verneirt, photographe. • Alfred Steux, dessinateur. • Dieudonné Bourguignon, prêtre catholique. Dans la baraque 6 du camp d’Esterwegen, ces résistants s’organisent et maintiennent une solidarité exemplaire malgré les privations. L’Abbé Dieudonné Bourguignon, figure centrale du groupe, joue un rôle crucial en tenant un journal secret sur son missel. Ses notes minutieuses témoignent des derniers jours de Maurice Orcher et de ses camarades. Survivant miraculeusement après une confusion administrative, Bourguignon transmet, à son retour en Belgique, les récits poignants de ces résistants disparus.
Étapes de la Déportation
Le parcours de Maurice Orcher illustre la brutalité du système nazi : 1. Prison de Saint-Gilles (Belgique) : Du 31 juillet au 13 novembre 1943. 2. Prison d’Essen (Allemagne) : Du 13 au 15 novembre 1943. 3. Camp d’Esterwegen (Allemagne) : Du 15 novembre 1943 au 15 mai 1944. 4. Prison de Kaisheim (Allemagne) : Du 15 mai au 4 septembre 1944. 5. Prison de Straubing (Allemagne) : Du 4 septembre au 17 octobre 1944. 6. Prison de Munich-Stadelheim (Allemagne) : Du 17 au 27 octobre 1944. Le 19 août 1944, Maurice est jugé par le Volksgericht (Tribunal du peuple), présidé par le procureur général Ernst Lautz, et condamné à mort pour haute trahison.
Exécution et Usage des Corps des Prisonniers
Le 27 octobre 1944, Maurice Orcher est exécuté par décapitation à Munich-Stadelheim avec cinq camarades : Jean Lagneau, Fernand Lecocq, Roger De Buyst, Aimé Verneirt, et Alfred Steux. Les corps des prisonniers sont transférés à l’Institut Anatomique de Munich, où des prélèvements d’organes et des recherches médicales sont pratiqués avant leur incinération. Ces pratiques, révélées après-guerre, illustrent la déshumanisation systématique opérée par le régime nazi.
Travail de Mémoire
Franz Bridoux et les Frères Cauvin Le devoir de mémoire autour de Maurice Orcher et de ses camarades doit beaucoup au travail acharné de Franz Bridoux et des frères Marcel et Marius Cauvin, également résistants. Franz Bridoux, survivant de la baraque 6 à Esterwegen, a collecté des témoignages, documents, et archives sur les prisonniers du RNJ. Il a pris soin de reconstituer leurs parcours et de sensibiliser les générations futures à leur histoire. Les frères Cauvin, quant à eux, ont partagé leur vécu et leurs souvenirs de captivité pour éclairer le destin des résistants belges sous le régime nazi. Leurs efforts ont permis de rendre justice à ces héros méconnus et de préserver leur mémoire pour les générations futures.
Distinctions Posthumes
Maurice Orcher a reçu plusieurs décorations à titre posthume pour son engagement : • Croix de Chevalier de Léopold II avec Palme.
• Croix de Guerre 1940 avec Palme.
• Médaille de la Résistance.
• Croix du Prisonnier Politique 1940-1945 avec ruban surchargé de trois étoiles.
Un Héritage Vivant
Maurice Orcher incarne la lutte contre l’oppression et l’engagement pour la liberté. Grâce aux témoignages de l’Abbé Bourguignon, au travail de mémoire de Franz Bridoux et des frères Cauvin, son histoire et celle de ses camarades continuent d’être transmises, rappelant l’importance de résister à la tyrannie. Leur sacrifice, inscrit dans l’histoire, reste une source d’inspiration pour les générations présentes et futures.