On aurait pu tout ignorer du destin de Maurice Orcher et de ses camarades d'infortune. Heureusement, à la fin de la guerre, c'est l'Abbé Dieudonné Bourguignon miraculeusement réchappé à la mort qui a raconté l'histoire du groupe aux familles. L'arrestation des résistants pas les Nazis, leur périple de camp en camp, le procès sommaire puis l'exécution.
Comment Abbé Bourguignon a échappé à la mort, reste à ce stade un mystère! Pour certains c'est une heureuse erreur administrative qui en est à l'origine, pour d'autres il s'est évadé alors après avoir administré l'extrême onction à un officier allemand catholique.
Homme de conviction, l'Abbé Bourguignon a été fortement engagé toutes sa vie comme le démontre cette courte biographie trouvée au dos d'une photographie:
"Dieudonné Bourguignon, né à Theux (Belgique) en 1913, ordonné prêtre en 1936, prisonnier politique "Nacht und Nebel" à Esterwegen de 1943 à 1945, au service du diocèse de Phat-Diem de 1951 à 1954, Supérieur Général de la Société des Auxiliaires des Missions de 1954 à 1962, au service du diocèse de Mytho de 1963 à 1974, curé de Cay Lay, professeur au Séminaire de Vinh-Long de 1961 à 1974, Supérieur du Petit Séminaire de Saint Jean-Baptiste à Saïgon en juillet 1974, décédé à Saïgon le 3 septembre 1974"
D'es 1931, l’abbé Bourguignon est membre de la Société des Auxiliaires des Missions (SAM), il est ordonné prêtre en 1936. [la SAM a été fondée dans la mouvance du Père Vincent Lebbe, missionnaire en Chine pour venir en aide aux églises chinoises].
Il suit une formation d’infirmier colonial de 1937 à 1938. Directeur de la Probation à Banneux (site d’ « apparitions » mariales) en 1939, il s’occupe encore de la propagande missionnaire. Dés le début de la guerre, à Verviers, il cache des Juifs. À Bruxelles, il participe aux réunions du RNJ, qui se tiennent dans une maison appartenant aux Auxiliaires Féminines Internationales (AFI), pendant féminin des « Volontaires des Missions ».
À Leuven, où le RNJ [Rassemblement National de la Jeuneusse] est fondé dans la maison où la SAM s’est installée après le bombardement du séminaire. « Il se livre également à des activités de renseignement. Arrêté en 1943, il est interné puis déporté à Esterwegen et Dachau. Il échappe par hasard, grâce à une confusion administrative, au procès qui envoie ses compagnons de la direction du RNJ à la mort. Infirmier et prêtre, il assiste ses compagnons de déportation et conserve dans son missel des notes qui lui permettront de transmettre aux familles le récit des derniers instants de leurs morts. Il demeure volontairement à Dachau parmi les derniers. Le récit de sa captivité, entamé le 16 mai 1945, est un document extraordinaire d’humanité, où il rend notamment hommage à plusieurs de ses camarades communistes pour leur attitude dans les camps. » [José GOTOVITCH. Du Rouge au tricolore : les communistes belges de 1939 à 1944 : un aspect de l’histoire de la Résistance en Belgique. Bruxelles : Éd. Labor, 1992. (Archives du futur – Histoire). 609 p. ].
Après guerre, professeur au séminaire de la SAM. l'Abbé Bourguignon part pour le Viêt-Nam en 1950. Supérieur général de la SAM (1954-1962). Retourne ensuite au Viêt-Nam où il décède, supérieur du Petit séminaire de Saïgon. Président-fondateur de l’Amicale des Prisonniers Politiques d’Esterwegen.
Nous remercions M. Emile Rikir du CArCoB asbl – Archives Communistes et M. le professeur Claude SOETENS, de l'UCL (Louvain-la-neuve) pour leur aide.
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