Par le plus grand des hasards, j'ai trouvé ce feuillet commémoratif publié à la disparation de l'abbé et qui retrace le parcours de cette personnalité hors du commun. Le document n'étant pas d'excellente qualité, je retranscris le texte:
"Renoncement total, Charité vraie, Joie Constante " Père Lebbe.
"Souvenir du témoignage de vie
de notre frère et ami
Dieudonné Bourguignon,
né à Theux (Belgique) le 31 mai 1913
entré dans la Société des Auxiliaires des Missions en 1931
ordonné prêtre le 19 décembre 1936,
prisonnier politique 1943-1945
et Président Fondateur
de l'Amicale des Prisonniers politiques
"Nacht und Nebel" d'Esterwegen
au service du diocèse de Phat-Diem (Vietnam)
de 1951 à 1954
Supérieur Général
de la Société des Auxiliaires des Missions de 1954 à 1962
au service du diocèse de Mytho (Vietnam)
de 1963 à 1974
ancien curé de Cay Lay
professeur au Séminaire de Vinh-Long de 1966 à 1974
Supérieur du Petit Séminaire de Saint Jean-Baptiste à Saïgon en juillet 1974
Entré dans la joie éternelle à Saïgon le 3 septembre 1974."
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En 2005, Marcel Baiwir militant communiste de toujours évoque le souvenir de l'Abbé Bourguignon dans sa "Contribution à l'histoire sociale Wallonne, un militant témoigne" .
"..... J'avais eu sous mon contrôle l'aide aux partisans, l'organisation des Jeunesses communistes et de la Jeune Garde Socialiste Unifiée. Il y avait aussi les Jeunesses Nouvelles, une organisation qu'on avait créée avec l'Abbé Bourguignon et des jeunes Chrétiens. L'abbé Bourguignon avait fait ses études pour aller comme missionnaire en Chine avant la guerre. La guerre l'avait bloqué là. Il était devenu un de nos amis, tout en restant prêtre. Il n'officiait pas dans une paroisse. Il habitait au dessus de Verviers. C'était un type courageux qui avait ses petites et grandes entrées à L'évêché de Malines. L'abbé Bourguignon n'était pas n'importe qui. Nous estimions que c'était "l'envoyé du paradis". L'abbé Bourguignon est mort au Vietnan, après la guerre.
L'église catholique avait son organisation particulière, avec dans la gauche et dans l'extrême gauche, "son" homme à tendance. Il y avait un abbé qui se trouvait dans le mouvement de la Paix où il a d'ailleurs effectué un bon travail.
C'étaient les Sauveurs de l"essentiel"! C'étaient comme cela que nous les appelions. Je pense que l'abbé Bourguignon, qui au demeurant était un honnête homme, n'était pas le grand patron de l'organisation des Jeunesses Nouvelles. Il circulait parfois sans soutane, pas quand il venait nous voir. .............."
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Émile Fournier-Élipot resistant français d'Arras a été déporté à Esterwegen et Börgermoor, deux des « camps des Marais » Il y a croisé de nombreux résistants français et belges, notamment, l'abbé Bourguignon, Aimé Verneirt et Jean lagneau. Il y a certainement croisé aussi Maurice Orcher puisque les périodes de détention coïncident. Dans un article paru dans le Patriote Résistant de février 2008, il y raconte cette période :
"Venant de la prison de Loos-lez-Lille, via celle de Saint-Gilles à Bruxelles et Essen, en Allemagne, je suis arrivé avec un groupe de camarades résistants, environ 25, à Esterwegen dans la nuit du 8 décembre 1943. Immatriculé : 1798, j'ai été envoyé à la baraque 9, celle près du Revier. ........
Nous n'avions pas les habits rayés de bleu et blanc, mais un pantalon de toile bleue avec une bande rouge ou jaune, une veste assez épaisse - veste noire - avec dans le dos les lettres : « J.W. » dont nous n'avons jamais su la signification. Comme chaussures, des sabots en bois, trop grands ou petits, et comme chaussettes, deux chiffons de toile appelés « Fouchlaps », rien d'autre à part la gamelle. Le dénuement complet.
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C'est à Esterwegen que j'ai connu parmi les Belges, l'abbé Bourguignon, directeur du collège français de Saïgon et dont le frère était capitaine dans les Forces Françaises Libres. En Belgique, il était responsable d'une organisation résistante composée en grande partie de communistes. Il y avait aussi l'abbé Édouard Froidure, ancien élève du cardinal Mercier et auteur d'un livre sur le calvaire des malades d'Esterwegen (1). Toujours parmi les Belges, le chirurgien René Dumont, ancien des Brigades internationales ; Aimé Vermeirt, ancien des Brigades, condamné à mort et exécuté en même temps que Jean Pagneau, professeur et personnage extraordinaire par son savoir et sa culture. Le docteur Joseph Deguelde, de Pepinster et le docteur Rochat qui m'a soigné alors que l'on ne donnait plus cher de ma peau. Un Italien, ancien des Brigades, Francesco Santirani, dont l'épouse avait été la secrétaire d'André Marty.
Côté Français, nous étions minoritaires, mais tous résistants. Notamment trois gendarmes de la brigade de Vitry-en-Artois et membres du Bureau des opérations aériennes (BOA), Organisation civile et militaire (OCM), Voix du Nord-réseau Centurie : Louis Defontaine, Pierre Seneuze et Émile Delefosse, tous condamnés à mort et exécutés le 28 novembre 1944 de même que Léon Javelot, André Serrure, entre autres. "
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