Franz Bridoux alias Jean-Pol Normand dans la clandestinité en 1943
Tout a commencé par un simple mail à l'auteur de ce blog.
" Bonjour,
Je m’appelle franzbridoux@ . Membre du comité régional Mons-Borinage du R.N.J
J’ai été arrêté avec le Comité National dont faisait partie Maurice Orcher avec Dieudonné Bourguignon,Jean Lagneau,… J’ai connu Maurice Orcher (Marcel) à la baraque 6 à Esterwegen.
J’ai réunis pas mal de documents que je crois susceptibles de vous intéresser (entre autres un acte d’accusation pour le Volkgericht sur lequel figure notamment les reproches à Maurice Orcher. Ainsi que le bordereau de transfert en tant que N.N. Voulez vous me faire savoir si vous êtes intéressé , sans trop Tarder s.v.p. car j’ai 85 ans !!! et ma santé n’est pas brillante.
Bien à vous
Franz Bridoux."
La rencontre a eu lieu le matin 26 décembre 2008. Pendant cette matinée, Franz Bridoux a raconté son parcours de résistant et a beaucoup parlé de la vie au camp d'Esterwegen.
Franz Bridoux est né le 1er. janvier 1924 à Péruwelz ( Hainaut) de parents borains. De 1932 à 1935 Franz séjourne avec ses parents au Congo en pleine forêt équatoriale sans aucune possibilité de scolarisation. Sa mère décède au Congo fin 1934 et Franz revient fin 1935, il vivra au Borinage chez ses oncle et tante. Mobilisé avec les 16 à 35 ans. Il part rejoindre les Centres de Recrutement de l’Armée Belge en Gascogne où il va travailler dans une ferme jusqu’au moment de son rapatriement fin août 1940. Il reprend ses études secondaires et très sportif entreprend une formation de prof. de gymnastique.
En 1941, il s’engage dans l’organisation de résistance le "Rassemblement National de la Jeunesse R.N.J" -section jeunes du Front de l’Indépendance – F.I. Très actif comme agent recruteur et organisateur il crée plusieurs sections locales du R.N.J. Il abandonne ses études et se fait engager comme ouvrier manœuvre à la Sté Carbochimique à Tertre pour y créer une section du R.N.J.
En mars 1943 il est convoqué pour le Service du Travail Obligatoire en Allemagne le S.T.O. "Réfractaire" , il passe dans la clandestinité et devient Responsable des cadres de la régionale Mons-Borinage du R.N.J. et agent de liaison avec les autres organisations de résistance : F.I. – P.A. – A.S., …
En juillet 1943, devient « Partisans Armés » mais est arrêté par la Gestapo de Bruxelles le 3 août 1943 dans une série d’arrestations en cascade. Bref séjour pour interrogatoires « musclés » au siège de la Gestapo 347 avenue Louise à Bruxelles.
Graffitis sur les murs du 347 av. Louise
RNJ et au dessus FB (Franz Bridoux)
Puis, 3 mois à la prison de Saint-Gilles et départ en Allemagne comme Nacht und Nebel le 12 novembre 1943, arrivée à Esterwegen le 16 novembre à la baraque 6.
Entrée monumentale du Camp d'Esterwegen
A la barraque 6, il trouve des dirigeants nationaux et régionaux du RNJ, des Francs-maçons, des socialistes, des catholiques, auxquels se joindront aussi par la suite des prisonniers français membres des FTPF (francs-tireurs partisans français) du Nord Pas-de-Calais. Trois autres R.N.J. (le président national l’Abbé Bourguignon, et les deux régionaux André Volcke et Robert Wolstayn sont à la baraque 5.
Il s'agit là de simples baraques en bois divisées en zones: le réfectoire, le dortoir et les sanitaires.
Au sein de la baraque 6, les groupes se reconstituent et la vie s'organise autour de grandes tables. Le travail y est inutile et humiliant, on trie des douilles que les allemands mélangent à nouveau le soir. La nourriture est insuffisante et les prisonniers perdent 5 kg par mois.
Les tables s'organisent en groupes J (pour les RNJ), K (pour Catholiques), S (pour socialistes), et les Francs -maçons. A la table 5 par exemple, siégeait Franz Bridoux, à la table 2, Maurice Orcher et Roger Debuyst.
Franz n’a pas 20 ans et n’a aucune information concernant la franc-maçonnerie. Pourtant il sera rapidement en très bonnes relations avec les Franc-Maçons qui partagent la table 3 avec ses compagnons du Comité National du R.N.J. dont Jean Lagneau, ami de longue date du résistant Ju*f -communiste et franc-maçon Luc Somerhausen.
Fin avril 1944, Franz et trois autres dirigeants régionaux du R.N.J. : Joseph Berman, Marius et Marcel Cauvain sont transférés à la prison de Ichtershausen (Thuringe). Début avril 1945, évacuation et « marche de la mort » vers les montages de la Haute Silésie.
Ils s’évaderont ensemble à Posneck à PÖSNECK le 11avril 1945 et seront libérés par l’armée américaine le 15 avril. Rapatriement par avion le 7 mai 1945.
Franz Bridoux à sa libération en 1945